Construction d’une maison en torchis et colombage sur la base d’un ancien pressoir à pommes. Le torchis a été posé sur une structure liteaux (clayonnage) cloué a l’arrière des colombes, permettant ainsi d’éviter les ponts thermiques. Le torchis redevient un matériau de construction dans l’ère du temps, il s’adapte parfaitement a la construction bois en lui permettant de respirer.
Une belle journée pour présenter notre projet de maison normande à colombage, isolé avec des bottes de paille. Lever à 6h, pour être installé à 10h sur le site du prieuré de saint Philbert sur Risle. Je dois dire que 2h pour déballer tout, et lever les 2 pans de bois, ce n’est pas de trop. La matinée est vite passée, même si le nombre de visites est un peu décevant. C’est seulement vers 16h que ça commence à bouger, du coup c’est Cyrille qui me pousse un peu à lancer la démonstration de torchis. Je dois dire que je serais bien resté à l’ombre du mur ou il faisait bien frais ; c’est peut-être dû à la bonne isolation des bottes de paille ! 🙂
Allez c’est parti, il faut remuer le torchis qui a bien séché sous le soleil de la matinée. On remue, je piétine dans la gadoue et les visiteurs commencent à former un cercle autour de nous. Imaginez le tableau : sur fond de musique normande je dance la Pastourelles les pieds dans la boue au centre de la ronde formé par les visiteurs ! Et pour couronner le tout voilà les animateurs avec leurs micros !
« Merde ! Allez vas-y Cyrille parle toi ! » ba non c’est pour ma pomme et j’aime pas ça ! Enfin, heureusement que Cyrille nous a fait une bonne présentation ce matin, parce que moi je ne saurais même pas dire de quoi j’ai parlé.
Apres ce petit moment un peu désagréable, on peut enfin poser le torchis, et les questions commencent à fuser.
Voilà en résumé notre projet :
Il n’y a besoin de rien pour faire le torchis, juste un peu de sueur, une paire de botte et une bâche en plastique solide. Vous étendez la bâche au sol et vous pelletez de la terre argileuse dessus (pas trop de façon a pouvoir la bouger avec le plastique) vous arrosez et vous lancez en vrac de la paille. Le but est de mélanger correctement le tout. C’est là que la bâche intervient : plutôt que de piétiner dans la boue et d’avoir les bottes collées en un rien de temps, vous recouvrez le mélange de la bâche en plastique et vous piétinez dessus, c’est nettement moins fatiguant. Le mélange est prêt à être utilisé lorsqu’il n’y a plus de boulettes de terre et qu’il est homogène. Vous pouvez appliquer le torchis sur votre support préparé au préalable et humidifié peu avant la pose. Un petit exemple de support ou l’on a simplement cloué des liteaux de couverture. On viendra appliquer le torchis entre les liteaux qui éviteront que la terre de s’affaisse avant qu’elle ne sèche. Cette technique se prête bien aux petites surface de la taille d’une cabane de jardin ou d’un pan de mur. Lorsque que l’on doit faire un bâtiment plus grand, il est conseillé d’investir dans un moyen mécanique. La bétonnière n’est pas très pratique car la terre colle vite aux parois ; pour un peu plus cher mais bien plus performant, on peut 
trouver un pétrin de boulanger. Une brouette complète de terre, un arrosoir d’eau et le mélange se fait tout seul. Il faut veiller tout de même à ne pas laisser de gros cailloux qui pourraient se coinçer dans la cuve. Une fois la terre bien homogène, on incorpore la paille dans la mesure qui nous intéresse. C’est plus facile avec cette méthode d’ajouter une quantité importante de paille et ainsi d’obtenir une meilleure performance au niveau de l’isolation.
Le bâti ancien a souffert des réhabilitations sauvages. Le tout ciment a ruiné notre patrimoine. On s’aperçoit aujourd’hui de l’importance du choix des matériaux pour la restauration de nos bâtiments.
Dans ce cas présent tous les enduits d’origine en chaux ont disparu pour être remplacés par du ciment, incompatible avec le torchis en dessous et les colombages en chêne. Obac a décidé de restaurer l’architecture d’origine en respectant l’emplacement des colombes ainsi que les matériaux. On peut remarquer que les fenêtres ont été placées sans respecter la conception d’origine, les colombes et la sole ont été coupées pour pouvoir placer une fenêtre PVC. Cette partie a donc été complètement démontée pour replacer les colombes à leur place d’origine. Nous avons ensuite placé la fenêtre en bois cette fois-ci, de façon à ce qu’elle se place entre 2 colombes. Apres le démontage complet du remplissage, Nous avons décidé de refaire les torchis.
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